Assia, rarement désignée par son nom complet Assia Granatouroff, née à Bogopol (aujourd'hui Pervomaïsk, Ukraine) le 6 octobre 1911 et décédée le 17 mai 1982 à Paris 15eme, a été dans l’entre-deux-guerres le modèle de nu de nombreux photographes, peintres et sculpteurs parisiens. Assia "incarne l'essence même de la photographie de nu de l'époque". Assia Granatouroff est la fille de Échiel et Méchama Granatouroff. Elle a un frère, Hersch. Elle a trois ans quand son père, démocrate qui refuse le régime de Nicolas II, part pour les États-Unis en abandonnant les siens. C'est donc sans lui que sa famille vit le début de la Première Guerre mondiale et les horreurs de la révolution russe. Fin 1920, malgré la disparition de la monarchie en Russie, ce père ne retourne pas dans son pays, mais appelle sa femme et ses enfants à le rejoindre à Paris, où il vit chez sa sœur. Le voyage dure près d'un an. Assia a donc presque onze ans quand elle arrive à Paris. Elle a seize ans quand elle quitte le domicile familial. Elle s'établit rue de Rennes, près de Montparnasse, alors le centre de la vie artistique de Paris. Elle pratique le dessin, réalise des motifs floraux, qu'elle vend aux usines textiles du Nord, et des travaux de couture. À partir de 1930, elle est modèle pour des photographes comme Roger Schall, qui la découvre, Dora Maar, Germaine Krull, Ergy Landau, Emmanuel Sougez. Très vite, elle pose également pour de nombreux sculpteurs : Charles Despiau, qui nomme Assia une de ses œuvres, Aristide Maillol, Paul Belmondo, Chana Orloff et peintres : André Derain, Moïse Kisling, Kees van Dongen, Marcel Gromaire, Suzanne Valadon, Henry de Waroquier, Edmond Ceria. Elle commence au Vieux-Colombier une carrière théâtrale qu'elle poursuivra sous la direction de Charles Dullin. En 1936, Assia apparaît aux côtés de la débutante Michèle Morgan dans la comédie d’Yvan Noé Mes Tantes Et Moi. Suivront encore une participation au film Maman Colibri (Jean Dréville, 1937), qui la voit renouer l’espace d’un film avec les « Américaines de service », et un petit rôle dans la comédie de montagne Le Grand Élan (Christian-Jaque, 1939), où elle personnifie la meilleure amie de l’actrice Wissia Dina, qui abandonnera rapidement les studios pour se consacrer à la profession de galeriste d’art. Le Grand Élan marquera en outre la dernière apparition d’Assia dans un long-métrage. En 1940, Assia Granatouroff se réfugie en zone libre. Arrêtée en 1943 à Cassis par la Gestapo avec l'acteur Robert Lynen parce que juive, soupçonnée d'appartenir (comme lui) au réseau Alliance, elle parvient à se faire libérer et se refugie en Suisse. Elle francise son nom et se fait désormais appeler Granatour. Son mari est arrêté lui aussi vers 1941; il revient de captivité en 1944. Le couple divorce en 1949. À partir de 1950, elle se rapproche de l'ésotérisme, et sa production artistique s'oriente vers un symbolisme très personnel. Elle réalise des compositions de fleurs, dont elle a une « perception spirituelle », et des tapisseries inspirées de cartes de tarot. Elle expose entre 1972 et 1978. Elle posera en particulier pour les femmes photographes Dora Maar, Ergy Landau, Germaine Krull. Pour cette dernière, dans la réclame pour la poudre de riz Gibbs, la "Walkyrie d’acier" saisit l'objet tout en douceur. Un cancer des os l'emporte en quelques semaines en mai 1982.